Dentuso

Dentuso

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C’était un superbe requin Mako bâti pour la vitesse, aussi rapide que le poisson le plus rapide; tout en lui était beau sauf la gueule. Son dos était bleu comme celui d’un espadon, son ventre était couleur d’argent , sa peau belle et satinée. Il avait la forme de l’espadon a l’exception des mâchoires; les siennes  étaient énormes; ils les tenait fermées, nageant a toute vitesse , tout près de la surface. Sa haute nageoire dorsale fendait l’eau comme une lame d’acier. Dans sa gueule close, il y avait huit rangées de dents plantées en biais, la pointe vers l’intérieur. Ces dents n’ont pas la forme pyramidale qu’on rencontre chez la plupart des requins, mais ressemblent a des doigts d’hommes crispés comme des serres. (…). Dentuso, pensa-t-il. Fils de pute. (…)

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Il  n’y avait en réalité que la tête bleue, lourde et pointue, les gros yeux, les mâchoires claquantes, menaçantes, dévorantes. Il frappa de ses mains sanglantes et poisseuses, enfonçant son bon harpon dans un suprême effort. Il frappa sans se faire d’illusions, mais avec la volonté de tuer et toute la haine possible.

Ernest Hemingway in Le vieil homme et la mer, 1952

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DSC060543 heures de lutte pour venir a bout de ce mako et le sortir de l’eau, d’abord avec un harpon “manche a balais” avalé! (oui oui, il a avalé la moitié du manche), puis de nouveau harponné au fusil, mais il s’est libéré 3 fois et enfin suspendu au crochet de boucher monté sur la gaffe et 3 heures de plus la tete hors de l’eau avec l’impossibilité d’abréger son agonie, vu que ce petit dentuso est resté agressif jusqu’au dernier moment, bref, beaucoup de sport et un peu de frayeur tout de meme, mais aussi; un rapalla de 17 euros détruit, sa peau est si dure que je l’ai découpée au cutter, nous avons rempli le réfrigérateur a ras bord de filets de requin, un sac de muscles sans aucunes arettes. 6 jours de recettes variées, le requin s’accomode trés bien en brandade, en curry, a la mexicaine ou tout simplement a la poelle avec un peu de beurre et un fleur de sel. J’espere une suite, avec un espadon biensur!

Barbate

Barbate, port de pêche du sud de l’Espagne, situé entre Tarifa et Cadix, n’a a priori rien d’attirant si ce n’est sa marina, qui nous assure une protection de la houle et des dépressions qui arrivent de l’ouest et du puissant levanter (qui vient de l’est, comme son nom l’indique). C’est un point de départ très pratique pour une traversée vers les îles Canaries.

 

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Barbate est une ville d’apparence sans âme mais que nous avons fini par apprivoiser. Les quelques hommes qui y travaillent sont des pêcheurs de thon qui vont et viennent avec les marées. Si les thons ne passent pas entre les mailles des filets étalés sur trois milles de la côte au large – selon la même technique employée par les Phéniciens -, les contrebandiers, eux, passent souvent entre les mailles de la police et des gardes-côtes. On trouve ici tout ce que l’on peut imaginer d’utile a la vie courante ou maritime dans les quincailleries, pas de superflu dans les villes pauvres, pas de centre commerciaux . Et voilà pour l’activité économique ! Nous avons aimé la plage, propre, jaune clair, au sable si fin qu’il s’envole au moindre souffle et travaille de jolies dunes que les marées effacent indéfiniment. Les enfants complètent leur collection de coquillages. Nous espérons une fenêtre météo pour une traversée calme vers Lanzarote. Nous saluerons le phare du (fameux) cap de Trafalgar, 600 milles nous attendant.

?Le cimetiere d’ancres de filets a Thon de Puerto Barbate.

 

Le Rocher

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Il y a des endroits particuliers que les marins aiment ou haïssent, aiment et haïssent. La péninsule de Gibraltar est un de ces endroits. La porte de sortie et d’entrée sur la Méditerranée est bien un détroit avec tous les problèmes de navigation qu’un détroit peut engendrer : des courants et contre-courants variables et difficilement prévisibles dans la mer d’Alborán nous ont retardés d’une demi-journée; un thon, dont j’estime le poids à au moins 100kg (et je suis lorrain, pas marseillais) a détruit notre meilleure ligne de pêche et notre Rapala préféré. Il faut dire que les détroits et caps sont souvent des lieux extraordinaires pour la pêche, la chaude Méditerranée s’évapore beaucoup plus vite que l’Atlantique, est donc plus salée et provoque non seulement un flux permanent d’ouest en est mais aussi des courants ascendants et descendants, le tout animé par les marées. Le plancton y est riche et varié, ce qui attire de nombreux prédateurs. Les bancs de sardines se font manger par les thons, les banc de harengs se font manger par les barracudas, les requins rodent, les baleines migrent et en profitent aussi. Des dizaines de dauphins sautent de joie dans ce festins et organisent leur chasse en équipe, les cormorans noirs n’ont pas à plonger très longtemps pour trouver leur repas, toute la famille des mouettes, albatros et autres palmés est au-dessus du champ de bataille pour profiter des restes du festin de chacun, bref, une belle leçon de biologie sur la chaine alimentaire qui plait à Maya et Emilie, et nous oublions pour un moment que tout cet ecosysteme en fin de compte se fait manger par l’homme dans des proportions qui conduisent irrémédiablement cette vie marine a sa perte. La surpéche et la pollution entrainent chaque année l’extinction totale de plusieures espéces de poissons et mammiféres marins (requins, raies, thons, baleines, tortues…) Mais le trafic intense de tankers, porte-containers, cargos de toutes sortes,les chaluts, les autorités espagnoles et britanniques, gardes-côtes, douanes, police de l’immigration, qui sillonnent le détroit dans tous les sens à la recherche d’éventuels réfugiés en provenance d’Afrique et de petits bateaux de contrebande – et enfin les vagues inconstantes de parfois plus de trois metres (a notre sortie de Gibraltar) ne me permettent pas trop de regarder les dauphins qui sautent ou chercher les baleines qui soufflent.DSC05925 Nous sommes donc arrivés a Gibraltar avec la nuit qui tombe, accompagnés des vent catabatiques qui dévalent la falaiseDSC05963 impressionnante DSC05962de la face est de la péninsule, et de cet énorme nuage noir (qui restera constant au-dessus de nous pendant nos 3 jours là-bas) avec ses airs menaçants.  Le marin de service qui nous a accueillis à la marina de Queensway Quay a un accent so british, que tout de suite nous avons été dépaysés.

DSC05953Queensway quay marina et au fond dans la brume, Algesiras.

Gibraltar n’est pas une île, géographiquement certes, mais a tout d’une île britannique. Nous avons fait nos courses chez Morrison et avons mangé un fish’n chips en plaisantant sur ses anglais roses venus dans le sud de l’Europe pour le climat. Il est tout aussi difficile de bronzer à Londres qu’à Gibraltar. De l’autre côté, à 8 milles (nautiques, pas anglais !), les montagnes du Riff essaient de sortir de la mer dans cet air brumeux et humide. Le sud nous appelle et nous n’envions pas un hiver en Europe. Au revoir la Méditerranée, nous emportons nos souvenirs avec nous, mais aussi quelques équipets bien remplis de raisins de Corinthe, d’huile d’olive sicilienne, de fêta grecque, de vins, fromages et charcuterie corses, d’origan cueilli en Turquie, de café napolitain, … de quoi subvenir en cas de nostalgie durant les longues journées qui nous attendent dans l’Atlantique.

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Formenterra

Notre île préférée de l’archipel des Baléares est sans aucun doute l’île de Formenterra. Ses plages sont plus belles que celles des cartes postales proposées dans les kiosques a touristes, ses mouillages sont faciles d’accès puisque la lagune nous protège a l’ouest des vents d’est et vice-versa.
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C’est dans ce petit paradis que nous avons retrouvé nos amis du catamaran Shuti, une famille comme la nôtre, mais avec 3 garçons (Momi, Lilah, Yoave, Eyal et Dror) au lieu de 2 filles, famille qui a décidé de voir le monde d’une autre façon. Nos route s’étaient déjà croisées dans la mer Ionienne, puis à Mahon, et maintenant de nouveau à Formenterra

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Maia, a gauche, Shuti, au centre, Cruisanostra toutes voiles dehors, a droite.

Nous avons également rencontré le bateau Cruisa Nostra, un joli ketch bleu de nos amis A&A (Artur et Amit) qui eux aussi sont partis d’Israël et espèrent arriver de l’autre côté de l’Atlantique. Nous en profiterons pour jouer sur la plage, sortir les planches a voile (surtout Michal), les kite surfs (A&A), et faire un peu de wake board avec les enfants. A l’arrière de la poupe de notre bateau, les annexes se garent pour un repas en commun pour lequel chacun a cuisiné et lors duquel nous nous raconterons nos expériences respectives pour arriver dans ce petit jardin d’Éden.

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parking a annexes.

 Momi, Artur et Laurent à discuter d’alternateurs et de prise de ris, Michal, Lilah et Amit à discuter de vaporisateur et de cuisson de riz, quant aux enfants… ils sont dans le bateau des voisins.

A visiter, le blog de Shuti http://www.avitalx.com et le blog de Cruisa Nostra http://cruisanostra.blogspot.fr

 

Ibiza

Après une visite de la calme et authentique Minorque, puis de la majestueuse Majorque, nous voici dans la troisième île de l’archipel des Baléares. Ibiza. Destination alternative des hippies dans les années 70 (mer , montagne et drogues douces), c’est devenu dans les années 80 et 90 un repère pour faire la fête et s’offrir des vacances pas chères pour les européens, le boom immobilier aidant; nos hippies des années 70 y ont acheté une résidence secondaire, ne sachant pas encore ce qu’est la crise des subprimes. Beach party, ecstasy, boîtes de nuit extravagantes interdites aux mineurs sont une réalité à Ibiza. Et l’aéroport de déverser des centaines de clubbers du monde entier, mais aussi des hooligans maigrichons, tatoués, casque énorme relié à l’inévitable iPod vissé sur les oreilles, qui se déchaînent devant leurs DJs vénérés (qui eux sont arrivés en jet privé) jusqu’à 8 heures du matin. Il faut dire que la journée-type à Ibiza commence vers 19h00, où il est à la mode d’aller s’asseoir sur un café de plage face au coucher de soleil (sunset bars). Et je dois admettre qu’il est très agréable de regarder le soleil s’éteindre à l’horizon sous un ciel tout en nuances de rouges et d’oranges sur la plage du Café del Mar. Et tous le monde d’applaudir quand le soleil se couche. La soirée continue avec un bar tapas apéritif sur le chemin du restaurant qui souvent n’ouvre ses portes qu’à 22h00. Les boîtes de nuit débutent leur activité à peine vers minuit et la nuit bat son plein à 3 heures du matin. Nous ne resterons que 3 jours a Ibiza (ou plutôt 3 nuits) car Formentera et ses plages nous attendent.

Palma De Mallorca.

les grandes villes ne sont pas ma tasse de thé, mais Palma de Mallorca vaut le détour. C’est une ville plutôt calme et très agréable. De plus, on y trouve tout et surtout de quoi réparer et approvisionner le bateau pour la traversée océanique qui nous attend.IMG_20150914_130439 Palma est la dernière grande ville de notre itinéraire avant de nombreux mois, notre dernière chance de trouver les quelques cartes marines qui nous manquent et les quelques pièces de rechange indispensables et introuvables dès lors que l’on a franchi le Détroit de Gibraltar.

Ce qui vous attire le regard immédiatement en arrivant à Palma, c’est sa cathédrale colossale qui s’élève au fond de la baie, comme une couronne sur la ville, jaune, gothique, massive. C’est la première chose que l’on distingue de l’horizon lorsqu’on vient du large – et par conséquent la dernière image de la civilisation quand on s’en éloigne._MG_1314

 

De tapas bar en tapas bar, nous découvrons les labyrinthes de petites rues et places ombragées par des palmiers, platanes, ficus et toute la mosaïque des ombrifères méditerranéens.DSC05719IMG_20150913_140735 Sans idée précise, nous nous laissons guider par les Palmasanes, entre les sculptures de Joan Miró et les murailles maures ou les tours aragonaises.DSC05753

Souriants et contents de vous aider à trouver le bon autobus ou le petit restaurant authentique, nos guides ne sont pas toujours espagnols, Palma est une ville très cosmopolite où le monde entier aimerait vivre et beaucoup ont choisi d’y résider définitivement. Beaucoup d’Allemands, parce qu’ils peuvent, (non ils ne portent pas des tongs avec des chaussettes, enfin, pas tous), des Français-qui-peuvent (il y en a, mais ça se raréfie), parce que c’est toujours mieux ailleurs, des Anglais, parce que là où il y a du soleil, les Anglais restent. Il y a même un shipchandler (voir définition dans abécédaire) qui m’a donné ses prix en livre.

Notre prochain rendez-vous avec les Baléares sera Ibiza.

A pinkie beach

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Il existe encore, sur notre planete bleue usée, des endroits ou la nature, de part sa beauté, force au respect et pousse au rêve. L’Archipel des Budelli avec, ses eaux bleues au nuances émeraudes, sa côte découpée dans du granit faconné par le vent et le temps, est un de ses endroits. Son sable rose est unique. Située a la sortie des Bouches de Bonifacio, ces iles valent la peine d’aller affronter un peu de vent et louvoyer attentivement entre les nombreux récifs.

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Heureusement ce sanctuaire est désormais sous protection et a un gardien, le seul et unique habitant de ses trois iles (Budelli, Santa Maria et Razzoli) Nous avons rencontré ce lointain cousin de Robinson Crusoe , mais lui, nous a pretendu qu’ il n’a rien a voir avec Robinson Crusoe puisque lui, il a choisi son ile et son mode de vie, il ne s’est pas échoué…DSC05177

Le canal de Corinth

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Emprunter le canal de Corinth est toujours un moment particulier. On quitte la mer Egée pour la mer Ionienne, le Maltemi parfois brutal pour les petits vent thermiques d une mer plutot chaude et plus salée que sa voisine. Le canal de Corinth represente la fin d’un chapitre et le début d’un nouveau. Pour tous les details historiques, de plans, de constructions, de destructions, de gestions , referrez vous a Wikipedia.

Pour les petits details qui ne sont pas dans Wikipedia.

 

-Le Péloponnese est une ile puisqu’il est complétement entouré d’eau.

-Ses eaux sont d un vert emeraude mais rapportent de l’or, c est le canal le plus cher au monde par rapport a sa longueur et la route economisée. on evite le tours de Péloponnese en l’utilisant.

-de nombreux touristes visitent le canal, donc notre bateau se fait photographier a l’entrée et la sortie du canal, les enfants disent bonjour avec les mains et probablement nous envient un peu et l’on se dit que l’on a de la chance.

-le canal est a sens unique et se traverse en convoi. 2 ponts a l’est et a l’ouest s’abaissent alternativement pour fermer et ouvrir le canal afin de laisser passer les voitures et éviter qu’un bateau ne rentre dans le canal en sens inverse d’un convoi.

-quelques ponts traversent le canal et nous naviguons plusieurs dizaines de metre en dessou d’un club de saut a l’élastique, et biensur quelqu’un saute et se retrouve a faire du yoyo au dessus de notre mat! En passant sous le pont suivant nous avons évité les crachats de quelques Grecques éméchés, on s’est dit qu’on a eu de la chance, c’aurait put etre pire.

-Ce sont 6000 esclaves Juifs (romains) qui ont creusés les premiers le canal, sa construction a été ensuite interrompue par peur de submerger Athenes(!!!), a l’époque, certains savants avaient avancés que la mer Ionienne était plus haute que la mer Egée.